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Ally Wollaston : « J'ai progressé bien plus que je ne l'aurais espéré »
Une nouvelle armada, FDJ-Suez, s’impose en 2025 autour de Demi Vollering, Juliette Labous… et Ally Wollaston, qui apporte à l'équipe française ses qualités développées dans les vélodromes néo-zélandais avant de s’affirmer sur la route. Double championne du monde sur piste et double médaillée aux Jeux Olympiques de Paris l'an dernier, la jeune femme de 24 ans continue de gravir les échelons avec cinq victoires cette année, dont deux au niveau World Tour. Sa première expérience sur le Tour de France Femmes avec Zwift, en 2022, s'est terminée bien trop vite (abandon après la 2e étape), mais elle lui a tout de même offert « l'un des meilleurs moments de [sa] carrière ». Depuis, Wollaston a progressé chaque année. Elle rêve désormais de victoires d'étapes et du maillot vert.
Ally Wollaston (FDJ-Suez)
Née le 4 janvier 2001, à Auckland (Nouvelle-Zélande)
Équipes :
- 2021-2024 : AG Insurance-Soudal
- 2025 : FDJ-Suez
Principaux résultats :
- 2025 : 1ere du Tour of Britain, de la Cadel Evans Great Ocean Road Race, de la Surf Coast Classic, de la Clasica de Almeria et de la 1re étape du Tour Féminin International des Pyrénées
- 2024 : double championne du monde sur piste, double médaillée olympique sur piste, 1ere sur une étape du Tour Down Under et deux étapes de la Volta a Catalunya
- 2023 : 1ere du Festival Elsy Jacobs
- 2022 : 1ere du Grand Prix du Morbihan et de la 1re étape du Tour de Belgique
Signe particulier :
Championne multidisciplinaire, Ally Wollaston termine également ses études de droit à l'université de Waikato. « Il s'agit d'un cursus à temps partiel, je ne fais donc que deux modules par semestre, explique-t-elle. D'ici la fin de l'année, je devrais avoir terminé mon diplôme, c’est très excitant. » Elle ne s'arrêtera probablement pas là : « Je suis convaincue qu'il faut garder son cerveau occupé en dehors du cyclisme, alors je veux continuer une fois mon diplôme obtenu, en travaillant ou en faisant un master. »
Que représentait pour vous le départ du Tour de France Femmes avec Zwift 2022 ?
Comment expliquer ? Pour moi, les Jeux du Commonwealth étaient quelque chose de vraiment énorme, pour représenter la Nouvelle-Zélande, mais cela coïncidait avec le Tour. Le fait d'avoir un vrai Tour est la plus grande chose qui soit arrivée au cyclisme féminin. Bien sûr, il y a eu des éditions dans le passé, mais c'était une opportunité que je ne pouvais pas manquer. Je pense qu'y participer a été l'un des meilleurs moments de ma carrière. Après, la course ne s'est pas déroulée comme je le souhaitais, c'est le moins que l'on puisse dire, mais le simple fait d'être là, sur la ligne de départ... C'est vraiment difficile à décrire, en fait. Courir sur les Champs-Élysées, juste avant les hommes, c'était incroyable. Cela signifiait beaucoup pour moi d'être là.
À l'époque, vous aviez 21 ans. Trois ans plus tard, à quel point avez-vous grandi ?
Beaucoup. Je pensais probablement que j'étais adulte à l'époque, et je me sens beaucoup plus mature aujourd'hui. Mais je me sens toujours jeune, ce qui est, je pense, la chose la plus importante. J'ai encore beaucoup de progrès à faire sur un plan sportif et en dehors du vélo. Mais oui, si je regarde en arrière, j'ai beaucoup grandi. Je pense que j'ai les résultats pour le prouver et il y aussi la manière dont j’ai grandi en tant que personne, les liens que j'ai tissés avec mes nouvelles coéquipières et le fait de passer à un niveau supérieur de professionnalisme en rejoignant FDJ-Suez a été un grand pas en avant pour moi.
Par rapport à l'année dernière, il semble que vous ayez encore progressé en 2025...
Oui, c'est vraiment ce que je ressens. J'ai été très satisfaite de ma dernière saison. Évidemment, je me suis beaucoup concentrée sur les Jeux olympiques, et donc moins sur la route, mais j'ai été très heureuse des bons résultats que j’ai obtenus sur la route. Cette année, je pense que j'ai progressé bien plus que je ne l'aurais espéré. Gagner le Tour of Britain était tout simplement incroyable. Les classiques ne se sont pas déroulées comme je le souhaitais, mais je pense que les résultats que j'ai obtenus cette année sont meilleurs que ce à quoi je m'attendais jusqu'à présent.
« Je ne me considère pas comme une sprinteuse à proprement parler »
Comment expliquez-vous vos progrès en 2025 ?
Si vous regardez les quatre dernières années, chaque année, j'ai fait un pas en avant, et je pense que c'est exactement ça, le développement. D'abord, tu gagnes une course 1.1, puis une étape ou une course d’un jour en World Tour et, cette année, un classement général. Chaque année, on essaie d’aller un peu plus loin. Mais cette année, je pense que le fait de changer d'équipe a joué un rôle important dans mon développement : changer d'entraîneur, changer de décor, faire partie d'une équipe qui vous rend meilleure ou qui vous donne envie de l’être… Je suis vraiment inspirée par les filles que nous avons dans cette équipe. Courir aux côtés de certaines des meilleures au monde ne peut que vous faire progresser.
Si vous deviez décrire vos points forts...
J’ai été recrutée parce que je suis une sprinteuse. Je dirais que l'un de mes points forts est ma vitesse, qui vient naturellement de la piste. Mais je ne me considère pas comme une sprinteuse à proprement parler, disons plutôt que mon point fort est mon sprint à la fin d'une course vraiment difficile, ou ma capacité à survivre dans une course difficile. En fait, je n'aime pas tellement sprinter. Il se trouve simplement que je suis naturellement assez douée pour cela. Mais je n’aime pas trop le positionnement dans le peloton dans un final chaotique. J'ai essayé de trouver des moyens de contourner ce problème et d'acquérir une plus grande base d'endurance afin d'être en mesure de m’exprimer sur des parcours plus exigeants.
Et vos faiblesses ?
Je dirais le positionnement et la confiance sur le vélo. Je pense que cette équipe m'a insufflé beaucoup de confiance, mais cela s'accompagne aussi de pression, et je suis encore en train d'apprendre à gérer cette pression et à croire en moi autant que l'équipe croit en moi. J'ai du mal à me voir gagner contre certaines des meilleures coureuses du monde. C'est encore un peu un défi pour moi. Et comme je viens de Nouvelle-Zélande, le positionnement dans les pelotons n'est pas naturel. Nous grandissons avec des pelotons de 5 à 10 filles ou de 10 à 20 filles. C'est beaucoup plus facile de se placer. Pour moi, cela a toujours été l'un des plus grands défis en venant en Europe. Je trouve qu'il est très utile d'être entourée de filles fortes. Je me sens très soutenue et je ressens beaucoup de respect dans le peloton pour notre équipe. Peut-être que cela facilite un peu les choses pour se déplacer et rester ensemble.
« La culture du cyclisme au sein de la culture française est si particulière »
C'est une équipe française, vous avez également obtenu des résultats déterminants pour votre carrière en France... Quelle est votre relation avec le pays ?
Je dirais qu'elle est beaucoup plus forte depuis que je suis dans une équipe française. J'ai vraiment apprécié d'être un peu plus immergée dans la culture française. Évidemment, passer d'une équipe belge à une équipe française, c'est très, très différent. Et quand on vient de Nouvelle-Zélande, tout est différent. Nous sommes tellement éloignées du reste du monde. C'est pourquoi venir ici et être accueillie dans un environnement aussi passionné est vraiment incroyable. Et je pense que la culture du cyclisme en France est très spéciale et que c'est quelque chose que je n'avais jamais connu auparavant.
Le Tour est un emblème de la culture française. Que représente-t-il pour vous ?
À titre personnel, c’est au-dessus de tout. Je crois que je l'ai entendu un millier de fois dans des interviews, mais le Tour de France est la plus grande course cycliste du monde. Et venant d'un pays comme la Nouvelle-Zélande, où le cyclisme n'est pas vraiment un sport populaire, peut-être qu'il se développe, mais ce n'est certainement pas le rugby... Donc, oui, pouvoir participer à une course qui est si internationalement reconnue a une signification unique. Je peux dire à mes amis : « Je participe au Tour de France », et c'est la plus grande chose qui soit. C'est un peu comme les Jeux Olympiques. Et j'ai raté cela ces dernières années à cause de mon investissement sur la piste. Alors, participer au Tour de France serait tout simplement extraordinaire. Enfant, on associe toujours le cyclisme au Tour de France, et le fait d'être sur la ligne de départ est un accomplissement en soi.
Quel serait votre rêve pour le Tour de France Femmes avec Zwift ?
Il serait un peu irréaliste de ma part de dire que je veux gagner le Tour de France... Je n’ai pas les dispositions génétiques pour. Une victoire d'étape au Tour de France serait magnifique. J’aimerais aussi viser le maillot vert. Mais une victoire d'étape est certainement tout en haut de ma liste.