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Chloé Dygert : « Le Tour est un objectif immense »

Parmi les plus grandes pistardes de ces dernières années avec sept titres de championne du monde et deux médailles olympiques, l'Américaine Chloé Dygert veut également tirer le meilleur parti de sa puissance sur la route. Son adaptation a commencé de manière impressionnante, aux Championnats du Monde 2019 : médaille d’or dans le contre-la-montre et la 4e place de la course en ligne. Depuis, la star de 25 ans a subi une grave chute aux Mondiaux 2020 et a contracté le virus d’Epstein-Barr au printemps. Dygert explique qu’elle est habituée à surmonter les obstacles depuis l’enfance : elle est toujours revenue plus forte. Elle se prépare à viser le maillot jaune le mois prochain avec Canyon//Sram Racing.

Près de trois mois après votre diagnostic, comment allez-vous ?

Chaque jour est un nouveau jour. Parfois, ça va très bien, et d'autres jours, j'ai l'impression d'avoir reculé de trois cases. C’est un processus frustrant, mais je fais confiance à ceux qui m’entourent parce qu’on fait tout ce qui est possible avec l'équipe, USA Cycling et les médecins. Je suis dans l'Indiana en ce moment et demain [le 14 juin] je rentre à Colorado Springs pour la dernière partie de mon travail de récupération. J’avance au jour le jour et j'espère en avoir bientôt fini car j’ai encore envie de faire beaucoup de courses cette saison. J'avais prévu en début d'année de faire les Nationaux, le Tour de France Femmes avec Zwift et les Mondiaux. Ces objectifs sont toujours sur ma liste. La question est juste de savoir si mon corps peut y arriver à temps.  

À quoi vous raccrochez-vous quand vous ne pouvez pas courir ?

Je reviens à ma foi et je me dis que ce n'est que le plan de dieu. Et même si ça ne me convient pas toujours, je sais que je fais ce que je suis censé faire selon ses termes. Je me rappelle de la première blessure que j'ai eue quand j'étais une petite fille, c'était une blessure au dos. Je suis habituée aux coups durs. C'est frustrant, surtout quand je dois m’arrêter pendant une si longue période, mais je pense que c'est un avantage d'avoir pu surmonter mentalement ces problèmes physiques. Je me bats, tous les jours, ce n'est pas facile. Mais ça m’aide aussi lorsqu’on a des situations difficiles pendant les courses. Par exemple, aux Mondiaux 2019, lorsque le contre-la-montre a été retardé à cause des conditions météo, je me souviens que c'était un énorme problème pour toutes les filles. Pour moi, oui, ça a peut-être été un peu frustrant, mais je ne voulais pas que ça m'affecte, parce que tout le monde est dans le même bateau. Il faut simplement s’adapter et surmonter ça.  

« J'espère qu'il y aura des contre-la-montre dans les prochaines années, que ça va grandir et devenir le meilleur événement cycliste féminin de tous les temps »   Comment vous êtes-vous tournée vers la route ?

J'ai été soudoyée ! J'ai commencé par le VTT. Et on m'a dit : « Si tu fais les championnats nationaux juniors sur route, tu peux utiliser les roues de ton frère sur ton VTT. » J’ai dit : « Ouais ! D'accord, j'y vais. » C'est comme ça que je me suis retrouvée sur la route, puis je suis allée aux Mondiaux juniors en 2015, l'année avant les Jeux Olympiques de Rio. USA Cycling avait accès à toutes mes données, et à partir de là, j'ai été mise en contact avec Andy Sparks, l'entraîneur sur la piste, et il m'a invitée à un camp, juste pour voir où je me situais et quel pouvait être mon niveau de performance. Cela m'a menée à Rio et maintenant je suis une athlète dans deux disciplines.  

Est-ce que vous suiviez également le sport en tant que fan ?

Je préférais faire plutôt que regarder ! Mon père parlait de Lance Armstrong bien sûr. Aux États-Unis, quand on pense au cyclisme, quand on n'y connaît rien, on pense au Tour de France ! Donc, le fait que nous ayons maintenant un Tour de France féminin est un énorme accomplissement.  

Vous avez donc parlé du Tour de France Femmes avec Zwift avec votre père ?

Bien sûr ! J'en ai parlé avec tout le monde ! C'est un objectif immense ! C'est un objectif pour toutes ces femmes de faire partie du tout premier Tour de France Femmes avec Zwift. C'est un énorme pas en avant pour nous toutes et j'espère que ce sera une référence, un point de départ. J'espère qu'il y aura des contre-la-montre dans les prochaines années, que ça va grandir et devenir le meilleur événement cycliste féminin de tous les temps.  

Les huit étapes apporteront des défis différents. Comment les abordez-vous ?

Nous avons une équipe super forte, donc si je suis là, je vais faire ce qui est bon pour moi mais aussi pour l'équipe. Si cela signifie que je travaille pour l'équipe tout le temps, c'est ce que je vais faire. C'est une énorme opportunité. Sur la plus haute marche, peu importe que ce soit moi ou quelqu'un d'autre qui porte nos couleurs. Ce serait un tel honneur de nous aider à viser ce maillot jaune.  

Comment vos capacités sur la piste se traduisent-elles sur la route ?

J'aime être dans un peloton et je me suis toujours fixé des objectifs élevés. Tout le monde laisse penser que c'est très difficile d'être dans le peloton. On m'a même dit que je ne finirais probablement pas dans le groupe de tête lors de ma première course européenne, et c'était les Mondiaux dans le Yorkshire. Lizzie Deignan a dit, et ça m’a marqué: « Soit vous avez cet instinct, soit vous ne l'avez pas. » Je pense que j'ai été béni avec… En tout cas, dans ma tête, je vois où je dois aller. Parfois ça ne fonctionne pas, mais au moins je sais. J'ai hâte de courir plus parce que j'ai confiance en mes performances, j'ai confiance en mon entraînement, je sais que j'ai la force d'atteindre mes objectifs. Il s'agit d'acquérir de l'expérience, du temps sur le vélo, avec l'équipe, et de vraiment apprendre à travailler en équipe pour avoir cette dynamique vers la victoire.